Archive 2009

      • L’année 2009 a été consacrée à d’importantes réorganisations imposées au champ des addictions par la Loi de 2002. Nos procédures d’accueil et de prise en charge ont dû être revisitées et précisées. Différents profils de poste, en particulier ceux de l’équipe d’accueil, ont dû être redéfinis afin que puisse être élaboré un nouveau projet d’établissement. Le cabinet Conseil Expand a été sollicité pour accompagner l’impact parfois douloureux mais incontournable de ces changements sur les pratiques de l’équipe.  
      • Bien que ce travail soit encore en cours en ce début d’année 2010, notre demande de création d’un Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) a reçu un avis favorable de la nouvelle Agence Régionale de Santé (ARS). La mission confiée à Hervé Riols, du Cabinet Conseil Expand concerne également la préparation de l’équipe à ce changement. Il nous faut malheureusement aujourd’hui constater que les temps où nous pouvions encore rêver d’autogestion sont révolus.  
      • Notre activité d’accueil et de prise en charge des publics n’a heureusement pas été affectée par ces questions, comme en témoigneront les pages qui suivent. En effet, la file active a été de 239 patients en 2009 (soit une augmentation de 13%), dont 52 nouveaux patients. 157 personnes sont suivies dans le cadre de traitements de substitution aux opiacés, contre 120 en 2008 (soit une augmentation de près de 25%) et 42 autres ont eu recours à des consultations médicales pour différents problèmes de santé. Cette importante activité implique une surcharge considérable de travail pour l’équipe médicale et notamment pour le médecin. 
      • Parmi ces nouveaux patients, nous observons une importante et inhabituelle proportion de jeunes femmes. Ce qui nous a conduit à proposer une plage horaire mensuelle spécifiquement réservée aux publics féminins. 
      • Les besoins, en termes de réponses sociales et tout particulièrement d’aide à l’hébergement, ont été par ailleurs très importants, du fait de retards dans l’attribution de l’Aide Personnalisée au Logement et de l’Allocation Adulte Handicapé. Une permanence mensuelle de la Caisse d’Allocations Familiales est désormais mise en place dans nos locaux et nous permet de mieux gérer, voire de prévenir certaines situations critiques. Il est cependant bien déconcertant de constater que les publics en situation de grande précarité sont de plus en plus contraints à de multiples démarches administratives qu’ils ne sont pas en mesure d’accomplir sans un accompagnement intensif. Par ailleurs, l’état souvent sordide des chambres que nous proposent les hôteliers, ainsi que leur coût très élevé nous a conduits à déposer un projet dans le cadre des mesures nouvelles 2010.
      • Nous avons également développé, comme chaque année depuis près de quinze ans, des actions d’aide à l’insertion par l’emploi, tant à partir du stage « Les étapes vers l’emploi » qu’à partir d’un accompagnement individualisé d’une trentaine de personnes. Ces actions, soutenues par le Programme Départemental d’Insertion et la Communauté d’Agglomération Plaine Centrale, se sont inscrites dans le cadre du Programme du Fonds Social Européen, « Compétitivité Régionale et Emploi ».
      • Ce programme nous a permis (à partir de partenariats avec les régions Centre et Rhône-Alpes ainsi qu’avec l’Italie, la Slovaquie et le Portugal), de repérer et analyser, avec l’aide du cabinet CCMO Conseil, un certain nombre d’actions d’aide à l’insertion par l’emploi d’usagers de drogues et d’en dégager des pistes de bonnes pratiques. La Direction Générale de la Cohésion Sociale et la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et la Toxicomanie se sont associées à notre démarche et nous ont demandé de coordonner en 2010 la rédaction d’un guide de bonnes pratiques ; l’objectif étant de renforcer l’intervention sociale au sein des structures de soins et de favoriser une meilleure articulation entre les champs du soin et de l’insertion. Nous souhaiterions que ces bonnes pratiques offrent un panel élargi de réponses en termes d’articulation entre projet thérapeutique et projet d’insertion ; notre hypothèse est que la reconstruction de liens sociaux et l’élaboration d’un projet d’insertion redonnent sens à un parcours de vie, étayant ainsi un projet de soins. Mais notre propos n’est aucunement d’envisager une quelconque forme d’injonction au travail. Il s’agit d’ouvrir le « champ des possibles » pour prévenir l’exclusion et permettre la participation du plus grand nombre des usagers de drogues au « débat citoyen », participation sans laquelle ce débat ne peut véritablement avoir lieu. 
      • Les actions conduites à partir de notre centre de prévention, en lien avec la Communauté d’Agglomération Plaine Centrale et les villes de Maisons-Alfort et Bonneuil-sur-Marne, ont également connu des avancées tout à fait intéressantes dans le cadre de nos interventions auprès de publics jeunes en milieu scolaire ou fréquentant différents équipements (1129 collégiens et lycéens ainsi que 635 adultes ou jeunes adultes ont ainsi été concernés). Il en a été de même en ce qui concerne la consultation-conseil (qui a accueilli 65 jeunes et 23 parents et réalisé 221 entretiens)
      • Nos activités de sensibilisation, de formation et de mise en réseau de professionnels de proximité ont par ailleurs été poursuivies et ont impliqué 179 personnes au cours de séminaires, sessions de formation et journées événementielles. Elles ont conduit à l’émergence de différentes initiatives, notamment pour la constitution de groupes de parents (à Bonneuil-sur-Marne et Limeil-Brévannes) ou de professionnels engagés dans la recherche de réponses à des difficultés rencontrées sur certains quartiers ou face à des publics en situation à risque. Notre objectif majeur est ici de prévenir l’exclusion de jeunes surconsommateurs et d’assumer le défi que le maintien de liens sociaux les aidera davantage que la stigmatisation à réguler leurs comportements… Il faut juste un peu de temps ! 
      • Enfin, nous avons poursuivi différents projets transnationaux, dont notamment  le programme « Democracy, Cities and Drugs ». Nous avons également participé, aux côtés de la Fédération Addiction et du CMSEA, à la réalisation de cinq séminaires de formation en direction de cadres associatifs algériens, à la demande du Conseil de l’Europe, du Groupe Pompidou et de l’Office Algérien de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie.  
      • Ces dernières activités peuvent sembler bien éloignées de nos préoccupations quotidiennes et nous ferons référence à Marine Zecca, évoquant à notre propos : « Il y a une clé à trouver, pour avoir une lecture au présent et créer une distanciation en même temps. Ce sont les caractéristiques du dispositif de Drogues et Société, qui permet d’être au plus proche du terrain dans la quotidienneté des pratiques tout en gardant une distanciation développée, choisie et conceptualisée depuis des années ».