Archive 1995 – 1996

  • L’année 1995 est essentiellement consacrée à l’ouverture de l’unité TSO. Installation du centre Epice et du siège social de l’association dans de nouveaux locaux, 42 rue Saint Simon à Créteil. Cette création s’est faite sur demande de Thérèse Hornez, médecin inspecteur de la DDASS et avec le soutien de la Ville, face à la réticence, voire à la résistance des acteurs du champ spécialisé. Une conviction se confirme pour nous : « Bien plus que l’incitation répétée au sevrage, les réponses proposées dans une perspective de gestion des risques liés aux drogues sont perçues par les usagers, qu’ils soient demandeurs ou non de TSO, comme une meilleure reconnaissance sociale de leur dépendance et des difficultés qu’ils rencontrent ».
  • 57 patients sont pris en charge dans le cadre d’un traitement à la méthadone, fin 1996, sous la responsabilité de Philippe Hatchuel. La file active est de 248 personnes. Une population moins désinsérée apparaît. Nombre d’entre ceux que nous connaissons depuis longtemps considèrent encore que « nous voulons les droguer » et qu’ils ne veulent pas être « dépendants de nous ». Certains de ceux qui sont en traitement élaborent de véritables projets de sevrage (il faut leur demander de ne pas aller trop vite ; « l’ambivalence de la demande », tant décrite dans la littérature, n’a plus lieu d’être). Le nombre d’usagers demandeurs d’un traitement évoluera rapidement.
  • Face à la réticence d’usagers refusant un protocole leur semblent contraignant et à la rapide saturation de l’unité méthadone, nous avons mis en place une permanence de médecine générale. Jean Dupuis recevait, une à deux après-midis par semaine, ses propres patients usagers de drogues (qui pouvaient ainsi bénéficier d’un suivi social et psychologique au sein du centre) et nos patients qui accédaient ainsi à un traitement Subutex, voire Moscontin ou Skénan pour quelques-uns. Cette consultation, dont la DDASS et l’ensemble de nos partenaires avaient connaissance, sera l’objet d’une enquête en 2008 et sera considérée comme illégale car s’apparentant à une consultation de médecine foraine.
  • Nous engageons un partenariat avec Juan Menares et Nancy Aguilera-Torres, de l’INSERM, pour une étude qui devrait nous permettre de mesurer l’impact des TSO sur le parcours des usagers.
  • Des automates délivrant des kits d’injection sont installés à différents endroits de la ville de Créteil.
  • Projet de formation de médecins généralistes. Quelques soirées seront organisées avec l’aide de laboratoires ou des réseaux d’Argos, l’un des premiers réseaux ville hôpital et de Créteil Solidarité, l’une des premières consultations de médecine gratuite, tous deux mis en place avec le soutien de la Ville de Créteil.
  • La petite délinquance associée à des incarcérations répétées sera très sensiblement rapidement réduite pour les usagers de drogues. Les conflits familiaux et l’angoisse des familles s’apaisent.
  • Nous mettons en place des activités musique, théâtre et relaxation qui permettent de faire face au désœuvrement. Le journal « En substance » est lancé (seuls trois numéros seront publiés). Après des années consacrées à la recherche d’argent, puis de produit, puis d’argent (un véritable travail !), les usagers cherchent à redonner sens à leur parcours de vie.
  • De la demande d’aide à la démarche participative : Au-delà de ces activités, de nombreux déjeuners associant usagers, équipe et partenaires sont organisés. Des séjours collectifs sont organisés à la montagne. La route est longue mais nous continuons de marcher « car un travail centré sur l’unicité de chaque histoire n’est pas suffisant. Dans le même temps, il est nécessaire de construire une sorte d’histoire collective de sortie de la drogue, qui offre à tous les habitants d’un quartier la possibilité de se regrouper pour améliorer leur propre vie » (MG Giannichedda). Des collaborations s’engagent avec la société civile ; Didier du gîte « Le vieux Grassonnet », Anita et Laurent Clavreul, Lise Scharf qui accueillent ou participent à l’accompagnement d’usagers.
  • Mise en place d’un dispositif de redynamisation et insertion sociale, animé par Viviana Guerra, en partenariat avec Faire et le Conseil Général.
  • Réalisation d’une plaquette d’information en direction de parents d’usagers de drogues, en lien avec l’association Ecoute Solidarité Action. Interventions au Havre et à Strasbourg, auprès d’autres parents. Interventions dans le cadre de formations de travailleurs sociaux à Bobigny et Fresnes.
  • Interventions en milieu scolaire, en lien à l’engagement de cinq jeunes salariés sur des contrats aidés (Fouzia Bruzzi, Stéphane Agasse, Lakhdar Miloudi), bénévoles (Yahia Dikès) ou en service civil (Nicolas Tournadre) ; leur présence facilitant la relation de confiance avec les élèves et permettant des échanges basés sur la connaissance, voire sur l’expérience de chacun en relation aux drogues, ce qui n’est pas sans poser problème pour les établissements ; notre positionnement pragmatique pouvant être perçu comme incitateur.
  • Spectacle théâtral, « L’Ange du Dimanche » écrit par David Tacita et interprété par Fouzia Bruzzi, présenté à Créteil, Cotonou (Bénin) et aux Abymes (Guadeloupe).
  • Réalisation de l’exposition « Les drogues contemporaines ».
  • Engagement dans des échanges européens, à la demande de Colin Crips (Youh Awareness Programm, dont le sigle sera à l’origine du nom de notre service de prévention IAP) avec la Grande-Bretagne (Londres) et le Danemark (Odense) autour de la prévention par les pairs et de la formation de professionnels directement et quotidiennement en lien avec des publics jeunes. La prévention ne doit pas être qu’une affaire de spécialistes et doit s’appuyer sur des logiques de RDR.
  • Interventions sur les quartiers (avec la présentation de l’exposition sur les drogues contemporaines, une participation à des activités cinéma ou cuisine en direction des femmes).

Formation d’un groupe relais de prévention (constitué d’acteurs associatifs, de travailleurs sociaux et d’habitants), dans une perspective d’action communautaire, pour la Ville de Fresnes.